À qui le blâme?

À qui le blâme?

Coop Edgar

Marie-Claire Lebel

Lundi 22 août. J’ai de la visite chez moi. Nous soupons ensemble lorsque mon téléphone sonne. J’y jette un coup d’œil pour savoir qui appelle, savoir si ça vaut la peine d’interrompre mon souper entre amis. Je reconnais le numéro de mes parents. Ça doit être important, ils ne m’appellent jamais à cette heure-là.

À l’autre bout de la ligne, j’entends tout de suite le soulagement dans la voix de ma mère. Elle venait de voir aux nouvelles qu’une cycliste de mon âge était morte dans mon quartier. Je la rassure et retourne à mon souper, tout de même un peu bouleversée. Il faut dire que je me déplace à vélo presque tous les jours.

Quelques heures plus tard, je vais voir ce qui s’est passé. L’accident a eu lieu à tout juste 500 mètres de chez moi. La cycliste allait tout droit, un camion a tourné à droite. Je n’en sais pas beaucoup plus, c’est à peu près tout ce que j’ai trouvé sur cette histoire. Dans tous les cas, ce n’est pas suffisant pour savoir qui était en faute.

Mardi 23 août. Quelques personnes ont partagé la nouvelle sur Facebook. Je lis quelques commentaires. Encore une fois, on ne fait que dire que « les cyclistes devraient suivre le Code de la route », « elle aurait dû savoir que les camions ont un angle mort »… Une litanie de « elle aurait dû ».

Une jeune femme de 24 ans est décédée hier, et aujourd’hui on rejette toute la faute sur elle, sans même savoir ce qui s’est passé exactement.

Moi, la seule chose que je pense, c’est que ç’aurait pu être moi…